Ces parents qui trompent leur enfant

La mère qui s'offre le copain de sa fille. Le fils qui se fait doubler par son père. Pourquoi tombe-t-on amoureux de l'amoureux de son enfant? L'oedipe latéralisé, c'est déjà de l'inceste.

Julie Huon

Quatre consonnes et trois voyelles, c’est le prénom de Raphaël… », murmurait Carla Bruni en 2002. Raphaël était le fils de son compagnon de l’époque, l’éditeur littéraire Jean-Paul Enthoven. Raphaël a donc piqué la fiancée de papa. Ça a fait beaucoup de foin parce qu’il (Raphaël) était marié à Justine Lévy, la fille de Bernard-Henri et qu’elle (Justine) a écrit son premier best-seller là-dessus en 2004, Rien de grave.

Et pourtant si, c’est grave quand même. Cet inceste latéralisé, comme on l’appelle, même si c’est du vrai amour, même si pas moyen de faire autrement parce que c’est plus fort qu’eux, il laisse des traces. Brise des familles. Jette l’opprobre. Détruit des vies.

La mère qui craque pour le petit ami de sa fille, la fille qui joue à séduire son beau-père, c’est de l’inceste qu’on déplace. L’inceste, le vrai, n’est pas punissable en Belgique. Tant qu’il n’y a pas viol – qu’il y a consentement donc – et qu’aucun mineur n’est impliqué, on peut coucher avec son frère, sa mère, sa fille, son oncle ou sa grand-mère et même leur faire des enfants. Mais pas se marier.

« Si ce n’est toi, c’est donc... »

On ne se marie pas entre ascendants et descendants (père/fille ou mère/fils), entre frère et sœur, oncle et nièce ou tante/neveu. L’interdit touche les personnes liées par le sang mais aussi les personnes très proches et dès lors assimilables : beau-père/belle-fille et belle-mère/gendre, même après décès ou divorce du précédent conjoint. Entre cousins, on peut.

Mais oublions le mariage. Si l’on est à peu près libre d’entretenir des relations sexuelles avec tout le monde, il y a ce frein, cette nuance qui concerne les jeunes gens liés à une personne ayant autorité sur eux, un ascendant légitime, naturel, adoptif ou un prof, un animateur… On est là dans le transfert et c’est alors l’adulte, le « vieux », qui sera toujours, au niveau de la morale, jugé plus sévèrement.

Patrick Declerck, anthropologue, psychanalyste et philosophe français, lauréat du prix Rossel 2012, explique très bien cette étrange « latéralité » ci-dessous. « Si ce n’est toi, c’est donc ton frère », ironise-t-il en paraphrasant La Fontaine.

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