Vincent Peillon voulait ouvrir le débat. François Fillon dénonce la « cacophonie gouvernementale » et Jean-François Copé en appelle solennellement au Président de la République. Le ministre de l'Education a été rappelé à l'ordre par Matignon.
Par Jean Michel Gradt
Voilà une mise au point dont l'exécutif se serait bien passé. Matignon a dû en effet publier lundi un communiqué qui le stipule : « Il n'y aura pas de dépénalisation du cannabis ». Cette clarification intervient après les déclarations du ministre de l'Education, Vincent Peillon qui a souhaité l'ouverture d'un débat sur ce sujet alors que le président de la République et son Premier ministre y sont opposés. Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, s'est aussitôt emparé du sujet et a demandé « solennellement » lundi à François Hollande « de trancher dans la journée ».
Tout est parti d'une déclaration de M.Peillon dimanche soir lors de l'émission « Tous politiques » (France Inter/LeMonde/AFP) qui s'est dit « très étonné parfois du côté un peu retardataire de la France sur un sujet qui pour moi est d'ampleur ». Et d'ajouter : « Comme ministre de l'Education nationale, c'est un sujet qui concerne directement notre jeunesse. Il y a une économie parallèle dans ce pays, c'est l'économie de la drogue. Alors, on peut lutter par les moyens de la répression, je suis absolument pour. Mais en même temps je vois que les résultats ne sont pas très efficaces, parce que ça fait combien d'années et combien de lois qu'on nous dit ça? », a argumenté le ministre. « Donc la question est posée, et je souhaite qu'on puisse avancer sereinement », a-t-il ajouté.
Si le ministre de l'Education a reçu le soutien de Denis Baupin, député EELV et vice-président de l'Assemblée nationale, qui a estimé lundi sur Europe 1 que c'était « courageux de sa part », il a pris le risque de fragiliser un gouvernement déjà critiqué par ailleurs pour son manque de cohésion. Le président François Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, se sont en effet déjà prononcés contre l'ouverture d'un tel débat.L'opposition du président de la République à l'ouverture d'un débat sur ce sujet avait été clairement réaffirmée en juin dernier après, déjà, la prise de position d'une ministre, Cécile Duflot en l'occurrence.
Trancher dans la journée
L'opposition n'a pas manqué de s'engouffrer dans la brèche. L'ex-Premier ministre UMP François Fillon a condamné lundi « les propos irresponsables et dangereux » du ministre de l'Education. « Une fois de plus, la cacophonie gouvernementale est à l'oeuvre, dans un secteur où tous les parents d'élèves de France attendent du sérieux, de l'autorité », a souligné le candidat à la présidence de l'UMP.
Sur France Info, Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, a demandé « solennellement » à François Hollande « de trancher dans la journée ». « La dépénalisation des drogues douces, dites douces, est simplement inacceptable. Je suis désolé de devoir rappeler ce que des dizaines et des dizaines de chercheurs ont évoqué dans des rapports scientifiques incontestables sur les ravages sur la santé physique, psychique, psychologique, sur l'ensemble des être humains et notamment les plus jeunes des effets du cannabis », a ajouté le député-maire de Meaux. Et M. Copé a menacé : faute de voir «ce débat flottant (...) immédiatement tranché », il lancera « à partir de demain une campagne de pétition et un appel à témoignages de parents d'enfants victimes de la drogue », a-t-il prévenu.
Pour sa part, Rachida Dati a, sur BFMTV et RMC, qualifié la position du ministre de l'Education « grave et irresponsable ». « La montée du communautarisme et du radicalisme dans certains quartiers, ça a été une lâcheté des politiques. Sur le cannabis, la gauche veut recommettre cette lâcheté vis-à-vis du cannabis » a-t-elle pointé.
Face au tollé déclenché à droite par ses propos, Vincent Peillon s'est engagé dans une tentative de rétropédalage. Dans un communiqué publié lundi, il affirme que sa déclaration de la veille n'était qu'une « réflexion personnelle » et qu'elle « ne contrevient pas à sa solidarité totale et entière » avec le gouvernement. Il n'en reste pas moins que Jean-Marc Ayrault a été obligé de recadrer son ministre : « Les ministres ont à se concentrer sur la mission qui est la leur (...) Lorsqu'ils sont à la radio et la télévision, ils doivent défendre à la fois la politique de leur ministère et la politique du gouvernement, et rien d'autre ».
Sources: http://www.lesechos.fr
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