lundi 22 octobre 2012

Google menace de ne plus référencer les sites de presse

Google montre les dents. Face aux rumeurs d'une « lex Google » encouragée par la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, le moteur de recherche menace de ne plus référencer les éditeurs de presse français. Ceux-ci ont demandé en septembre au gouvernement un projet de loi pour que les moteurs de recherche les rétribuent en cas d'utilisation de leurs contenus, par le versement de droits voisins. Dans un courrier envoyé à plusieurs cabinets ministériels et cité par l'AFP, Google affirme qu'il « ne peut accepter que l'instauration d'un droit voisin pour le référencement de sites de presse français mette en cause son existence même et qu'il serait en conséquence contraint de ne plus référencer les sites français ». Google rappelle qu'il redirige 4 milliards de clics par mois vers les sites des éditeurs français. Pour certains sites, le trafic provenant du moteur de recherche peut atteindre de 60 à 70 % du total. La société américaine précise également qu'une telle loi « aboutirait à limiter l'accès à l'information ».

Par Nicolas Rauline et Fabienne Schmitt


« Un débat public légitime »

Hier soir, l'Association de la presse d'information politique et générale, à l'origine de la « lex Google », s'est déclarée «  stupéfaite  », accusant le géant de Mountain View de vouloir « étouffer un débat public légitime sur la captation de valeur des contenus presse par les moteurs ». Notre «  objectif est de trouver un compromis acceptable entre les intérêts économiques des régies des moteurs de recherche et la valeur qu'apportent les sites d'information à ceux-ci  », précise-t-elle. La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a, elle, estimé que ce «  n'est pas avec des menaces qu'on traite avec un gouvernement », précisant que ce dernier était «  au début d'un processus de réflexion » sur le droit voisin. Un conflit similaire est né cet été en Belgique, où Google a déréférencé pendant deux jours les articles des éditeurs de presse avant de revenir sur sa décision après la conclusion d'un accord. De même, en Allemagne, où les éditeurs ont monté le projet sur les droits voisins qui a inspiré la France : Google a aussi menacé les titres de ne plus les référencer. Ce qui n'a pas découragé le ministère de la Justice de présenter le texte. Celui-ci n'a pas encore franchi l'étape de la première lecture au Bundestag, le Parlement allemand.
Des représentants de Google France seront reçus cet après-midi par le cabinet de la ministre chargée de l'Economie numérique, Fleur Pellerin. Ils évoqueront ce projet de taxation, mais aussi les recommandations émises cette semaine par les 27 autorités européennes de protection des données sur la nouvelle politique de gestion de la vie privée de Google.

Sources: http://www.lesechos.fr
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Au Brésil, des journaux heureux d'avoir quitté Google News

Alors qu'un bras de fer s'engage en France entre les journaux et Google, l'exemple brésilien montre qu'il y a une voie en dehors du moteur de recherche.

L'Association nationale des journaux (ANJ) brésiliens affirme ne pas regretter d'avoir poussé ses adhérents à se retirer de Google News en 2011, en plein bras de fer entre Google et le gouvernement françaisautour d'une taxe sur les moteurs de recherche.
« Nous sommes parvenus à la conclusion que notre présence sur Google News ne contribuait pas à l'augmentation de nos audiences digitales », a déclaré le président de l'ANJ, Carlos Fernando Linderberg Neto, dans une interview au Knight Center for journalism in the Americas. Au contraire, « avec le retrait des journaux de Google News, la plupart des internautes qui cherchaient de nouveaux contenus sur ce moteur de recherche ont commencé à chercher directement sur les sites web des journaux », assure-t-il.
Les 154 titres adhérents à l'ANJ -plus de 90% des journaux brésiliens-ont décidé l'an dernier de sortir de Google News, car le géant américain refusait de les rétribuer pour l'utilisation d'une partie de leurs contenus. « L'ANJ défend cette politique. Et même si nous reconnaissons qu'il y a eu une perte de trafic de lecteurs internautes, d'environ 5%, c'est le prix à payer pour la protection du journal et de sa marque », déclare le secrétaire général du Comité des stratégies digitales de l'ANJ, Carlos Müller.
La décision des journaux brésiliens a été adoptée en deux étapes, a expliqué M. Müller. « Ils ont d'abord conclu que la plupart des lecteurs se contentaient des trois premières lignes des articles publiés sur Google News » et ne cliquaient donc pas sur le lien vers leur site. Ils ont donc essayé de limiter leur présence à une seule ligne, en gros le titre de l'article. « Mais ils se sont rendus compte que les lecteurs se sentaient également satisfaits et ont donc quitté Google. L'ANJ continue de plaider pour une solution négociée avec Google.
Le retrait des journaux brésiliens de Google News concerne surtout les contenus de leurs versions imprimées. La plupart des sites de grands journaux, comme celui du quotidien O'Globo, continuent d'être référencés sur Google.
Le géant américain a menacé cette semaine de ne plus référencer les médias français si le gouvernement français instaurait une taxe sur les moteurs de recherche pour rétribuer les éditeurs de presse.

SOURCE AFP

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