Le site web
Le blog de la philologue et informaticienne cubaine Yoani Sánchez, créé en avril 2007, a vite rencontré un immense succès sur la Toile et a été classé par CNN parmi les 25 meilleurs blogs du monde. Cette Havanaise y raconte la vie quotidienne dans la capitale cubaine et ses vicissitudes. Elle a reçu maintes récompenses internationales dont le prestigieux prix de journalisme Ortega et Gasset en 2008.Yoani Sánchez met son site à jour plusieurs fois par semaine en dépit de toutes les difficultés rencontrées à La Havane pour trouver une connexion Internet et les tracasseries des autorités pour qui les blogueurs indépendants sont synonymes d'opposants. Elle a aussi monté un réseau pour former d'autres Cubains à la pratique d'Internet et du blog. L'accès à Generación Y est bloqué à Cuba.
caractéristiques:
Site internet :
http://www.desdecuba.com/generaciony/ (Generacíon Y)
http://www.desdecuba.com/generaciony/ (Generacíon Y)
Invitée à maintes reprises à l’étranger, la blogueuse cubaine Yoani Sanchez n’a jamais pu voyager faute de pouvoir obtenir le fameux “permis de sortie”, qui devrait être aboli le 14 janvier prochain. Pourra-t-elle enfin voyager ? Elle l’espère mais n’en est pas certaine…
Par Yoani Sánchez
Les roulettes de ma valise se sont usées à force d’être trimballées d’un coin à l'autre de la maison. Les sous-vêtements que je rangeais dans une petite trousse ont fini par avoir les élastiques détendus et leurs couleurs ont passé. Les billets d’avion que je n'ai jamais utilisés se sont périmés, après avoir été prolongés à maintes reprises, et ont fini dans la poubelle. Mes amis m’ont fait leurs adieux si souvent, et tant de fois j’ai fini par ne pas partir, que ces adieux sont devenus la routine. Mon chat s’est approprié ce sac à main qui n’est jamais arrivé à entrer dans un avion, et la chienne a mordillé les chaussures destinées à une tournée de conférences que je n’ai pas pu entreprendre. L’image d'une “Vierge de Bon Voyage” qu’un ami m'a offerte n’a pas non plus résisté à l’épreuve du temps, et même l’éclat de ses yeux s'est éteint.
Après cinq années passées à revendiquer le droit de voyager en dehors de mon pays, j'apprends aujourd’hui la nouvelle d’une réforme des migrations. Mon premier mouvement a été de crier “hourra !” au milieu de la matinée. Mais, à mesure que la journée avançait, je me suis rendu compte des insuffisances de la nouvelle loi. L’ignominieuse Autorisation de sortie et l’humiliante lettre d'invitation qu’il fallait pour sortir de notre propre pays ont enfin été éliminées. Mais, dorénavant, c’est la confection et la délivrance des passeports qui permettront à certains de franchir les frontières nationales ou pas [les nouvelles mesures prévoient que “seront titulaires d’un passeport les citoyens cubains qui répondent aux dispositions établies dans la loi migratoire actualisée”]. Même si les coûts des démarches administratives sont réduits et si, j’imagine, elles sont simplifiées, ce n’est pas la nouvelle loi de migration que nous attendions. Elle est trop limitée, trop étroite. Mais, au moins, elle définit par écrit une certaine légalité à partir de laquelle nous allons commencer à exiger, protester, dénoncer.
En ce qui me concerne, je vais croire – jusqu'au 14 janvier 2013 – que je ne suis inscrite sur aucune “liste noire” et que c’en est fini des filtres idéologiques pour voyager.

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